Le navire Alan Kurdi transportant des migrants, au large des côtes libyennes le 19 septembre 2020

La France a demandé mercredi à l'Italie de laisser accoster le navire humanitaire Alan Kurdi.

afp.com/Joris GRAHL

Une nouvelle bataille diplomatique évitée sur les sauvetages en mer ? Le navire humanitaire Alan Kurdi, avec 125 migrants rescapés à bord, a finalement atteint le port italien d'Arbatax en Sardaigne après avoir un temps fait route vers Marseille, en France, a annoncé ce jeudi l'ONG Sea-Eye, qui a toutefois précisé ne pas savoir si Arbatax serait un "port sûr", c'est-à-dire si les personnes rescapées, parmi lesquelles se trouvent des enfants, pourraient débarquer.

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Les migrants répartis dans plusieurs pays

En milieu de journée, le ministère italien de l'Intérieur a publié un communiqué indiquant avoir autorisé le navire à s'abriter dans le port d'Arbatax et à débarquer les personnes à bord. "La procédure de relocalisation européenne a été lancée en même temps que l'autorisation à ces requêtes. 80% des migrants secourus seront transférés dans d'autres pays européens", conclut le communiqué.

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Auparavant, l'ONG basée à Ratisbonne, en Bavière (Allemagne), avait indiqué avoir été contactée par les autorités italiennes "mercredi à minuit pour discuter au bout de cinq jours (!) de la suite de la coordination et pour proposer au bateau une protection contre les intempéries à Arbatax".

La France avait demandé mercredi à l'Italie de laisser accoster l'Alan Kurdi, qui a secouru samedi 133 personnes en Méditerranée, alors qu'il faisait route vers le port français de Marseille (sud) faute d'avoir pu débarquer sur les côtes italiennes. Huit personnes, dont un bébé de cinq mois, avaient toutefois été évacuées par les gardes-côtes italiens. Plus de cinquante mineurs se trouvent encore à bord du bateau, parmi lesquels de jeunes enfants, a précisé l'ONG.

Le principe du "port sûr" le plus proche

Le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal avait indiqué mercredi que le bateau de Sea-Eye devait "être accueilli dans le port sûr le plus proche", la France déclinant ainsi implicitement toute possibilité de laisser accoster le navire à Marseille.

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Le principe du débarquement de rescapés dans le "port sûr" le plus proche, inscrit dans le droit maritime international, revient en général à confier, lors d'opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, ce premier accueil à l'Italie ou à Malte.

C'est pour soulager ces pays en première ligne qu'un mécanisme de solidarité spécifique aux sauvetages en mer est prévu dans le nouveau "Pacte européen sur la migration et l'asile", présenté par la commission européenne et qui doit encore être soumis au vote des 27. Il propose notamment de mettre à l'abri des poursuites judiciaires les ONG sauvant des migrants, alors que depuis plusieurs semaines tous les navires humanitaires ayant accosté en Italie y sont restés immobilisés par les autorités locales.

De son côté, la ville de Marseille s'était dite prête à accueillir "sans condition" le bateau, même si la France a toujours refusé une telle option.

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