Migrants : la désobéissance sauvera-t-elle le monde ?

Des migrants cherchent un refuge après l'incendie du camp de Lesbos (Grèce, 11/09/2020) ©AFP - LOUISA GOULIAMAKI / AFP
Des migrants cherchent un refuge après l'incendie du camp de Lesbos (Grèce, 11/09/2020) ©AFP - LOUISA GOULIAMAKI / AFP
Des migrants cherchent un refuge après l'incendie du camp de Lesbos (Grèce, 11/09/2020) ©AFP - LOUISA GOULIAMAKI / AFP
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Militante écologiste, capitaine du Sea-Watch 3 en 2019, elle choisit d'accoster à Lampedusa malgré l'interdiction des autorités pour sauver des réfugiés. Carola Rackete est notre invitée.

Avec
  • Carola Rackete Capitaine du Sea-Watch 3 engagée dans la défense des migrants

Crise migratoire ou crise de la justice? L'incendie du camp de Moria, le plus grand camp de réfugiés d’Europe, situé sur l'île de Lesbos, entre le mardi 8 et le jeudi 10 septembre, a amené un désastre humanitaire de grande ampleur : abritant plus de 12 500 demandeurs d'asile, cette « jungle »  symbolise la crise migratoire à elle seule.

Elle a choisi de désobéir pour sauver des vies humaines : Carola Rackete, notre invitée, est pilote de navire et militante écologiste. En 2019, alors capitaine du Sea-Watch 3, elle entre de force dans le port de Lampedusa pour sauver les 53 personnes qu'elle et son équipe ont repêchées en mer méditerranée. Avant cela, ils avaient passé plusieurs jours à attendre qu'on leur indique la marche à suivre, sans résultat.

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Arrêtée, puis libérée pour son acte de désobéissance, Carola assure qu'elle n'a fait que son devoir de capitaine et son devoir d'être humain en sauvant ces personnes en détresse. Plus encore, elle pointe du doigt un système qui punit ceux qui se rendent coupables de sauver des vies ; la preuve, dit-elle, que quelque chose dysfonctionne.

Il est incroyablement important que les gens s'impliquent, pas uniquement en tant que consommateurs mais aussi dans des actions collectives.            
(Carola Rackete)

Dans Il est temps d'agir (L’iconoclaste, 16.09.20), elle revient sur cet acte de désobéissance qe'elle reproduirait si c'était à refaire, écrit-elle. Elle montre que, plus qu'à une crise migratoire, nous sommes confrontés à une crise de l'injustice. Celle-ci révèle ainsi un modèle de développement qui, en favorisant la croissance, ne profite qu'à une minorité tout en favorisant les déséquilibres climatiques, la pauvreté et les déplacements de population qui en résultent.

Nous ne sommes pas face à un problème de faits scientifiques mais à un problème d'action politique. (…) La possibilité de faire cette expérience par moi même, aussi bien côté climat - sur les pôles - qu'en Méditerranée - pour comprendre la crise des réfugiés - a été essentielle dans ma manière de me mettre en action.                
(Carola Rackete)

Face à l'urgence et à l'indifférence des politiciens, elle nous enjoint, nous lecteurs, à agir. Car chaque petit pas compte selon elle, et c'est en nous unissant que, dans ce système mondial qui est le nôtre, nous pourrons construire des alternatives et des modèles de développement respectueux de tous et des écosystèmes.

Le plus puissant moteur de l'action, ce sont ces faits horribles auxquels nous sommes confrontés, ces analyses scientifiques dont nous disposons, qui montrent qu'il faut agir.            
(Carola Rackete)

La Grande table culture
28 min

Extraits sonores : 

  • Benoît Payant, premier adjoint à la mairie de Marseille, à propos du Louise Michel 
  • Carola Rackete à bord du Sea-Watch 
  • Fuocoammare, par-delà Lampedusa (Gianfranco Rosi, 2016)
  • Matteo Salvini à propos de Carola Rackete  
  • Une Italienne à l’arrivée du Sea-Watch 2 à Lampedusa 
  • Le réchauffement climatique (INA, 1959, ORTF, Philippe Diol)

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